17.2.06

Supérette 

L’histoire commence comme ça :
Lundi mon portable sonne et Pascalinette me demande ce que je fais jeudi
soir puis raccroche en vitesse pour cause de seconde ligne qui sonne non
sans avoir lâché dans la foulée “ au fait c’est pour aller au théâtre” bip
bip bip…
Me voilà donc jeudi en compagnie d’une petite dizaine de personnes
(rassemblée par Pascalinette), devant la porte, à attendre que tout le monde
écrase son mégot pour pouvoir rentrer dans la salle du théâtre Clavel.
La salle n’est pas grande mais on est tout de même loin d’être dans un
couloir, les gradins habillés de rangées de bancs en velours rouge n’
attendent plus que nos fesses, nous nous y posons et la pièce commence.
Nous ne savions strictement rien du spectacle auquel nous allions assister.
C’est donc vierges de tous préjugés que nous assistons à la scène d’
exposition où un homme rampe sur le sol avant de vomir derrière un canapé,
une fille au look incertain ( punk ?) à ses basques et un minet en bleu prêt
à éponger le dîner du premier protagoniste.
Le ton est donné et ce ne sera pas le moment le plus trash de la pièce, loin
de là.
Les personnages ? Un homme complètement perdu avec un couple d’inséparables
paumés collé au cul tente de les fuir et se fuir lui même pour finalement
entrer dans un engrenage plus perturbant encore. Un couple d’inséparables
paumés vendu( ?) dans un supermarché pour la somme de 20 livres et
complètement dépendant à son maître qui, à cran, se barre sans préavis. La
femelle inséparable qui accepte un deal avec un Mafieux fan de son fils, un
jeune prodige, du Roi Lion, et des scies circulaires ( estimation au bruit)
et qui va se mettre dans les emmerdes jusqu’au cou à cause de l’inséparable
mâle un être à cheval entre le crétin congénital et le passionné fusionnel.
Et pour clore la ronde des freaks un ado violé qui vend son corps pour de l’
argent ( même s’il en a déjà) et tente de trouver un idéal masculin
particulièrement glauque ( rapport à son vécu tout ça…).
Ca s’aime ou pas, ça crie beaucoup , ça pleure aussi, ça mange pas mal.
Certaines scènes m’ont particulièrement plues mais d’autre m’ont laissées
froide. Le trash pour le trash avec parfois des lacunes dans le propos, une
finalité incertaine.
Choquant peut être, déjà vu sûrement ( en plus dérangeant même).
Une chose est sure par contre, les acteurs ont une énergie certaine et
incarnent bien leurs personnages, un tout petit bémol pour l’interprète de
Lulu ( l’inséparable femelle) qui malgré un très bon jeu manque
singulièrement de voix parfois. Sa touchante interprétation vient gommer le
problème et on tend juste un peu plus l’oreille tant on a envie de l’
entendre, finalement c’est pas si grave ( mais douloureux pour le cou…d’
autant qu’on a aussi mal au cul sur ces bancs).
Qui aime qui, qui dirige qui et pourquoi, qui suis je, ou vais je, dans quel
état j’erre, parfois on s’y perd, parfois on s’en fout. Dommage j’aurais
bien voulu n’en dire que du bien. N’étant pas la meilleure des critiques je
vous conseille d’y aller vous même ( après avoir garé mémé et bébé chez
leurs baby-sitter respectives parce que bon quand même c’est pas pour les
âmes sensibles).

Shopping and fucking de Mark Ravenhill au théatre Clavel.
Mise en scène Bénédicte Budan et Franck Victor
Avec Benjamin Cohen, Franck Victor, Cybèle Villemagne, Arnaud Garnier et
Laurent Hugny.
3, rue Clavel 75019 Paris.
Jusqu’au 8 avril 2006.